
Pour bien appréhender les bienfaits d’une estime de soi positive, nous ne pouvons faire l’économie de prendre le temps d’un détour permettant de définir à travers les auteurs ce concept.
L’estime entretient un rapport direct avec l’amour de soi, des autres et par conséquent avec le respect que l’on se doit à soi-même et aux autres. Quant au pronom « soi », il se rapporte à l’individualité, à l’identité d’une personne et par extension à ses forces et ses faiblesses. Dans cette optique, l’estime de soi aura un fort impact sur nos attitudes, notre comportement, et nos émotions qui fluctuent. Ce qui nous conduit à penser qu’elle sera un marqueur d’ « unicité » dans le cas d’une estime de soi positive.
Dans un contexte psychologique, James définira le premier ce concept en le qualifiant d’ « essence de l’individu » et porte celui-ci au rang de témoin de nos expériences de vie - il serait donc le garant d’une relation à l’autre harmonieuse - Cooley ajoute une dimension sociale à l’estime de soi; en la définissant en tant que « construction sociale », elle peut être qualifiée de « fluctuante » puisqu’elle est en lieu avec les interactions sociales et par conséquent participe aux opinions, aux jugements…
En 1943, Abraham Maslow décrit dans sa Théorie de la motivation, la Pyramide des besoins, de la base représentant les besoins essentiels au sommet représentant le besoin le plus élevé : le besoin de vie ( maintien de la vie), le besoin de protection et de sécurité, le besoin d’amour et d’appartenance, le besoin d’estime de soi et enfin le besoin le plus élevé est celui d’accomplissement. On comprend aisément que le besoin d’accomplissement, celui qui permet de se lancer à la poursuite d’un « projet de vie », de développement personnel, d’épanouissement n’aura une chance d’aboutir que si et seulement si le besoin d’estime de soi est satisfait.
L’estime de soi est un « baromètre psychologique » pour les auteurs Paradis et Vitaro et prend la forme d’une « auto-protection » en nous permettant de nous affranchir de la « menace de rejet social » pressentie.
Dans une optique philosophique, Kant apporte au concept d’estime de soi une double définition :
Estime esthétique en lien avec la sensibilité qui fait appel à la forme éthique de l’estime
Estime bienveillante en lien avec la volonté fait référence au libre arbitre, à « l’action de s’estimer »
A l’éclairage de ces différentes acceptations, on ne peut que conclure à une portée éthique tout autant que rationnelle du concept d’estime de soi.
La méthode Walker et Avant ( 1995-2005) sur l’estime de soi a permis de mettre en avant les attributs du concept d’estime de soi qu’ils définissent comme les « caractéristiques émergentes et marquantes présentes pour définir et distinguer le phénomène des concepts similaires et reliés » suivants :
La valeur accordée à soi-même, attribut critique de l’estime de soi, déterminante du respect que l’on s’octroie et participe à la motivation
L’acceptation de soi découle de la valeur accordée à soi-même et oscille entre l’acceptation de ses forces en tant que « acte de reconnaissance » et de ses faiblesses sans jugement préjudiciable.
Le sentiment de compétence, élément indispensable à toute réussite. Il participe à la « motivation, l’engagement, la persévérance » et colore notre vie sur un plan émotif et affectif
L’attitude envers soi-même - Pour Allport, l’attitude représente « un état mental de préparation à l’action qui exerce une influence dynamique sur nos comportements ». Une attitude positive sera une source d’harmonie et permettra de réduire le stress et la souffrance
Le respect de soi : se respecter, s’aimer est un attribut primordial
Ces auteurs ont mis en évidence deux Antécédents au concept d’estime de soi, nécessaires à la construction du concept, à savoir : la confiance en soi et la dignité.
En ce qui concerne les Conséquents au concept, c’est à dire « les manifestations après apparition du concept », il s’agit de :
L’affirmation de soi : garante de relations interpersonnelles équilibrées
La relation aux autres facilitée
La résilience qui est la capacité à faire face à l’adversité, à rebondir sur les événements de vie.
En conclusion, l’estime de soi est un concept utilisé comme critère diagnostique de nombreux troubles tels que : la dépression, l’anorexie, la boulimie, la phobie sociale mais aussi le burn out…
L’estime de soi est le fondement des processus identitaires et préside aux constructions de la personnalité et du psychisme. En outre, elle peut être considérée comme une construction évolutive puisque elle doit faire appel à des processus adaptatifs tout au long de l’existence.
Je vous propose de tester votre niveau d’estime de vous-mêmes grâce à l’Echelle de Rosenberg que vous pouvez télécharger avec le lien suivant : https://www.irbms.com/download/documents/echelle-estime-de-soi-de-rosenberg.pdf . Ce test très utilisé en psychologie est simple d’utilisation et ne vous prendra que quelques minutes.
Bibliographie
Doré, C. (2017). L’estime de soi : analyse du concept. Recherche en soins infirmiers, 129 (2), 18-26.
Robin - Quach, P. (2009). Connaître les représentations du patient pour optimiser le projet éducatif. Recherche en soins infirmiers, 98(3), 36-68.
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